vendredi 3 avril 2015

« Je m’appelle Poucet, Petit Poucet. Mais le plus souvent, père et belle-maman (qui n’est pas belle pour un sou mais moche comme un pou) ainsi que mes six frères m’appellent autrement. Pas une journée sans que l’un d’eux n’ait une nouvelle idée. »

Philippe Lechermeier et Rebecca Dautremer,
Journal secret du Petit Poucet, Gautier-Languereau, 2009
Mise à part sa petite taille, Poucet est un petit garçon comme les autres.

Enfin, presque. 

Depuis la grande pénurie, il n'y a plus rien à manger dans son village : lui et sa fraterie n'ont pour toute nourriture qu'un grand bol d'air frais pour petit déjeuner et pour diner, de la soupe au choux, au clous, aux cailloux, et parfois, à rien du tout. Même que son professeur, tenaillé par la faim, a essayé de manger son frère Boris, et que depuis, l'école est fermée.
Heureusement, Poucet à des copains, plein de copains avec qui faire les quatre-cent-coups.
Bien entendu cela pourrait être pire.
Et le pire arrive, le jour où belle maman (qui n'est pas belle du tout mais moche comme un pou) décide d'abandonner Poucet et ses frères dans la fôret.



            Philippe Lechermeier,  choisit de nous raconter l'histoire à travers les yeux du principal interressé, le point de vue de Poucet lui-même, en la présentant sous la forme d'un journal intime.
Ce choix accouche d'un récit très dynamique, composé de chapitres courts (une page pour chaque jour), où la narration se fait extrêmement vivante.
Pour raconter ce conte de fée que nous connaissons tous, l'auteur choisit la voix du petit Poucet, une voix enfantine où transparait quelque fois l'ironie lorsque le jeune héros considère le monde des adultes, la guerre, les relations humaines.
Le lecteur ne peut que plonger dans l'univers de l'enfant et découvre sa bourgade, ses six frères, et ses copains étrangements familiers: Yvain et Gauvain de la caserne, Tristan et Yseult.
Il rit des jeux de mots du petit Poucet, sourit aux référence littéraires qui parsèment le récit, des reflections du protagoniste, de la liste de ses plus grand bonheur et des plus grands malheurs. Le tout mélé au talent de Rebecca Dautremer (qu'on ne présente plus) et qui met ce conte en image à coup de magnifiques illustrations, toutes dessinées à la main avec des mediums tout ce qu'il y a de plus classique (dessin, peinture, collages; si, si, je vous jure), dans un style foisonnant de détails qui allie parfaitement mélancolie et humour.

            Après un Cyrano truculent, et une Alice merveilleusement illustrée, Rebecca Dautremer et ses amis conteurs s'attaquent une fois de plus à une figure mythique de la littérature. Résultat? Un album à dévorer avec les yeux, tant au niveau du texte qu'au niveau des illustrations, d'un comique qui surprend, bref une réécriture très moderne et étoffée du Petit Poucet qui ne jure pas avec le conte original. Tout en y ajoutant de la douceur, beaucoup de douceur.
Un must plein de surprise pour les enfants et les grands enfants. Et qui sait?
Peut-être comprendrez-vous aussi ce qui est réellement arrivé aux miettes de pain semées par Poucet.

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Cet album à été lu dans le cadre du challenge Avril en Albums
initié par Bookwormette
    

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